Pour réduire les tensions et rééquilibrer le système nerveux, l’exercice est simple et à la portée de tous : la modification de l’attention.
Les Fehmi, Docteur en psychologie américain, définit l’attention comme « le mécanisme central par lequel se régulent nos états de conscience et notre vécu ». C’est pourquoi, le défaut d’attention dont beaucoup souffrent aujourd’hui entraîne des problèmes physiologiques et émotionnels en chaîne qui entravent l’épanouissement : la maîtrise de l’attention est une nécessité car elle a un impact sur la totalité de notre organisme. Parmi les différents modes existants, l’attention « à visée étroite » et l’attention « large » sont à considérer en priorité en matière de gestion des émotions. La première, indispensable à notre survie, devient nocive lorsqu’elle est employée au quotidien ; la seconde permet un relâchement des tensions physiques et psychiques. Pour comprendre, embarquement immédiat vers la savane africaine.
Prêts pour la chasse ?
« Dans les hautes herbes, un lion se relaxe, les muscles détendus, il respire lentement en se chauffant l’échine au soleil dans une ATTENTION LARGE ouverte au monde et aux perceptions. Soudain, il remarque une antilope blessée dans un troupeau qui passe à proximité. C’est alors qu’il se concentre sur l’animal, adoptant une ATTENTION A VISÉE ÉTROITE, reléguant à l’arrière-plan tout le reste. Les muscles du lion se raidissent, son rythme cardiaque et respiratoire augmente, il se prépare à l’attaque. Aussitôt après la capture, l’attention redevient large, diffuse, sans différence marquée entre les silhouettes des bêtes et l’environnement. L’ensemble de l’organisme tend à se normaliser. » Extrait adapté de “The open-Focus Brain” de les Fehmi et Jim Robbins
Exactement comme ce lion qui se prépare à l’attaque, quand nous sommes stressés, notre respiration s’accélère, notre cœur bat plus rapidement, nos muscles se tendent. Notre attention est celle de l’animal en chasse : étroite, focalisée sur un objet (des pensées liées à un événement passé ou à venir, une remarque jugée déplacée, un conflit, un symptôme, etc.).
Attention à visée étroite = stress
A l’origine, l’attention étroite génère un stress positif nécessaire : une énergie qui nous permet de répondre au danger par l’attaque ou la fuite. Pour traverser la route, chaque jour, c’est la visée étroite qui est mobilisée ; mais à y recourir fréquemment et longtemps, le stress devient chronique, le système nerveux réactif et instable. Conditionnés depuis l’enfance par notre éducation à « faire attention », à rester concentrés, notre attention s’est rigidifiée alors qu’elle devrait être flexible : elle doit pouvoir se modifier sur demande en fonction des besoins et situations.
Comment sortir de l’attention étroite ?
En changeant sa façon de « faire attention » ! En cultivant, comme dans la philosophie japonaise du mâ, l’aptitude à considérer l’espace entre les objets aussi bien que les objets eux-mêmes : l’espace qui unit, qui relit. Dans notre société contemporaine du « zapping », notre regard passe d’un objet à un autre, d’une personne à une autre, sans prêter attention à ce qu’il y a autour. Le vide a un pouvoir guérisseur, il équilibre notre système nerveux. Pour le cerveau, l’idée d’espace reste un phénomène abstrait : sans repère, il lâche-prise en émettant des ondes dites « alpha synchrones » propices au relâchement musculaire et à la détente.
En pratique ?
Pour que le stress ne s’accumule pas, prêtez une attention ouverte à ce qui vous entoure dès les premiers signes de tension : personnes, objets, sons, odeurs, température de l’air, luminosité, etc. Ceci à l’aide de vos 5 sens. Ainsi, dilué dans l’ensemble de vos perceptions, le stress s’adoucira.
Pour s’entraîner à conscientiser l’espace entre vous et votre environnement, entre les personnes, objets, profitez des moments de pause (métro, train, arrêt de bus, salle et file d’attente, etc.). Prenez en compte le silence entre les mots lors d’une conversation ; pendant vos lectures, explorez l’espace entre les lettres, lignes, sans que cela n’en gêne la compréhension. En marchant, dirigez vos yeux dans l’espace, droit devant vous dans une attention la plus large possible. Pour se désaccoutumer de l’attention étroite, on visualisera les espaces dans et autour du corps (entre votre cœur et votre colonne vertébrale par exemple, entre la langue et le palais, ou encore l’espace entre vos deux pieds, entre vos doigts, etc.).
La sophrologie, le mindfulness et toutes les pratiques méditatives rééduquent l’attention par des exercices simples et à la portée de tous. La finalité est d’élargir son champ de conscience pour tendre vers une plus grande perception de la réalité et, par conséquent, établir un rapport différent à soi, au monde.
“L’attention est la pierre de touche de tout le système psychologique.” Dr Edward Titchener, pionnier de la recherche en matière d’attention
Article écrit pour @weloveraw
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